« On peut croire que les choses sont sans espoir et quand même décider de les changer »
Ce vendredi 13 novembre, une nouvelle attaque fanatique a tenté d’annihiler la convivialité, la joie simple, la douceur de vivre.
Cet acte atroce et mortifère, perpétré par des endoctrinés, des malades, des criminels, porteurs d’une idéologie totalitaire vise à nous terroriser, paralyser notre libre arbitre, notre raisonnement.
Notre organisation syndicale a tenu à ne pas communiquer immédiatement après le massacre. Il nous semble important dans un contexte où l’émotion légitime a guidé la plupart des paroles prononcées ce week-end, de se poser, de réfléchir et peser ses mots. Car au-delà de la stupeur qu’ont suscité ces crimes horribles, notre plus grande peur c’est l’utilisation qui en sera faite.
Au-delà de la sidération, de la colère et de la terreur, cette situation inédite chez nous appelle de chacun d’entre nous et de chaque collectif du courage :
- Le courage d’affronter cette peur, de la contenir, de la raisonner. Face à l’effroi, le sang froid est notre seule issue.
- Le courage de regarder en face les causes. Les assassinats, le 7 janvier dernier nous avait déjà amenés à nous poser un certain nombre de questions (article dans l’Aiguillon n°16 de janvier 2015).
- Le courage de réaffirmer la nécessaire construction et consolidation des liens sociaux.
- Le courage pour oser dire que nous subissons les conséquences de politiques sociales et économiques toujours plus désespérantes.
- Le courage de dire que tous ceux qui organisent la faillite de la solidarité portent une responsabilité face à tous ces jeunes rendus extrêmement dangereux pour lesquels la vie humaine n’a plus aucune valeur … même pas la leur. L’acte de ses jeunes français fanatisés n’est-il pas l’expression “jusqu’auboutiste”, nihiliste d’une violence par ailleurs portée par notre société dans laquelle la vie humaine à moins de valeur que le profit, la compétition, la finance … Ces jeunes ne sont finalement que les produits de cette société !
Pour SUD, il est évident que si rien ne change fondamentalement, si nous nous crispons sur les conséquences et non les causes, sur ce que ces criminels cherchent à générer chez nous, alors cela se reproduira … même si des lois sécuritaires supplémentaires sont votées, des frappes de représailles sont menées, les frontières sont fermées …
Les actes commis ont pour objectif de provoquer désespérance et repli sur soi. Mais, depuis ce vendredi, la solidarité s’est exprimée et l’engagement des agents du service public a été, une fois encore, exemplaire. Service public qui a démontré son incontournabilité. Service public qui est pourtant dépecé et contesté, fonctionnaires et agents raillés et déconsidérés.
Que ce serait-il passé sans la présence en première ligne de ces agents du Samu, de la sûreté publique, des pompiers, de tous ces soignants au sens large qui sont là pour prendre soin ?
Il est regrettable que ce ne soit que dans ces moments là que le service public s’affirme comme une évidence, comme un bien commun à préserver et développer.
N’est-ce pas cynique, de traiter le jeudi 12 novembre les pompiers du Nord de « loubards » et le samedi 14 de les remercier et les soutenir opportunément pour leur engagement.
Ce même individu, le président du Conseil Départemental du Nord qui appelle, « au nom de l’union sacrée », de mettre de côté « nos querelles sociales » (voir ici)
Querelles ?!! Appelle-t-il « querelles » la volonté des agents du Département de résister au détricotage de leur service public ?
Alors non ! Nous ne mettrons pas de côté notre lutte pour préserver ce bien commun. Tant qu’il déclinera, avec son exécutif, ses mesures, nous nous « querellerons ».
D’ailleurs, sa responsabilité, à lui, chef de l’exécutif départemental, comme celle de tous les décideurs politiques, est de réhabiliter, développer le service public, socle de la solidarité et des valeurs de « Liberté, Egalité et Fraternité ».
« On peut croire que les choses sont sans espoir et quand même décider de les changer » – Scott Fitzgerald