Musverre de Sars Poteries : L’envers du décor.
Ce vendredi 30 septembre, le Département s’apprête à inaugurer en grande pompe le nouveau musée du verre de Sars Poteries, le Musverre.
Surprenant, alors que la situation financière du Département est selon JR LECERF proche de l’abîme, que ce projet d’investissement clinquant et volontariste n’ait jamais été remis en cause ou simplement critiqué.
Bien au contraire, car dans son intervention lors de l’assemblée plénière du Conseil Départemental ce lundi 26 septembre, JR LECERF désigne ce site d’ « excellence culturelle » et d’« instrument de développement du territoire » … rien que ça.
Pourtant, s’il est vrai que la transformation du musée en jette – ne serait-ce que par son architecture bardée de 800T de pierre bleue qui se veut faire partie intégrante du bocage de l’avesnois – il n’en demeure pas moins que ce projet « d’excellence » de 15 millions d’euros ne tient pas compte de la réalité du territoire et laisse craindre un Val Joly bis. En effet, ses prétentions de rayonnement international avec l’objectif d’accueillir plus de 50.000 visiteurs par an ont été élaborées hors sol et sont selon les techniciens largement sur évalués.
Le nouveau Musverre atterrit soudainement sur le sol sarséen sans qu’aucune action de préfiguration avec la population locale, les écoles, etc. n’ait été initiée. Seules des rencontres sont organisées depuis peu alors que le projet est totalement finalisé.
En conséquence, il y a fort à parier que comme pour le Val Joly, l’aspect du site ne suffise pas à ce que la population locale s’en empare pour que le musée devienne un réel outil de développement du territoire.
Dommage que ce projet élitiste valorisant quasi-exclusivement la création contemporaine du verre écrase le patrimoine local et plus particulièrement la culture ouvrière verrière de l’avesnois riche d’un art brut, d’une histoire et de ses créations « les bousillés ».
La grande opération de communication du Département autour de l’ouverture du Musverre cache pourtant un envers du décor moins reluisant.
Depuis plusieurs années les dysfonctionnements au sein de cet édifice culturel génèrent mal-être et souffrance au travail des agents de service public qui le font quotidiennement vivre.
Les problèmes de « management » et d’organisation du travail occasionnent depuis de nombreuses années un turn-over incessant du personnel, des arrêts maladies, des accidents de travail et un climat délétère et anxiogène.
Le CHSCT (Comité d’Hygiène Sécurité et Condition de Travail) qui a été à plusieurs reprises alerté, adopte en février 2013 à l’unanimité de ses membres (représentants du personnel et employeur) des préconisations qui ne seront jamais mises en place.
Mieux encore, en avril 2013, une enquête diligentée par le président du Conseil Départemental et réalisée par l’IGS (Inspection Générale des Services), tente d’enterrer les dysfonctionnements. Ses conclusions ne seront jamais communiquées au personnel et à leurs représentants.
Seulement elle n’a pu étouffer définitivement le mal-être de l’équipe qui a de nouveau rejailli en juin 2015 et provoqué une nouvelle enquête du CHSCT. A cette occasion, les élus SUD transmettent un rapport alarmant sur la situation au sein du Musée.
Et lors de la séance du 15 octobre 2015, l’ACFI du Centre de Gestion du Nord (Agent Chargé des Fonctions d’Inspections) confirme une surcharge de travail excessive, des injonctions contradictoires, un manque d’équité de traitement entre agents et de la maltraitance à l’égard de certains (« certains agents font l’objet d’humiliations publiques, un sentiment de dévalorisation et de propos irrespectueux »). Il affirme également avoir rencontré, dit-il, « des agents arrivés à un point de non retour ».
Le vernis et les paillettes destinés à dorer la vitrine du conseil départemental masquent la manière dont cet exécutif traite les agents publics chargés du fonctionnement des services et par ricochets les populations nordistes, détournent l’attention pour faire oublier la réduction des moyens à destination des missions obligatoires, un déshabillage pour le coup très volontariste.