Prévention et Protection de l’Enfance : C’était impossible et on l’a fait ! Continuons !
Il y a un an, c’est indiscutable nous avons vraiment gagné !!
Ce lundi 3 février, l’assemblée départementale a présenté le rapport de la « mission d’information et d’évaluation relative à la politique départementale de l’enfance ». Cette mission et ce rapport n’auraient pas existé s’il n’y avait pas eu de mobilisation. Sans celle-ci et son retentissement médiatique national, pas de mission, pas de rapport et comme seule perspective la poursuite de la suppression des moyens.
voir le rapport ci-dessous
baisse de 35 Millions € du Budget prévention et protection de l’enfance dans le Nord entre 2015 et 2018
Nous avons eu raison de tous nous mobiliser à l’automne et à l’hiver 2018, ce que nous vivons dans les services est confirmé par ce rapport, notamment la baisse massive de 35 millions d’euros du budget alloué à la prévention et la protection de l’enfance entre 2015 et 2018 (sans prendre en compte la suppression des postes qui elle n’est pas chiffrée) que nous avons tous ressentie concrètement.
L’exécutif a donc été contraint, et les chiffres le confirment aussi, de réinjecter des moyens en 2019 (+ 17 millions d’euros).
Que découvre-t-on dans ce rapport ?
Sans affirmer que le rapport va révolutionner notre quotidien, des avancées significatives sont quand même à souligner :
- Renforcement de la pluridisciplinarité dans les équipes PMI (psychomotriciens, éducateurs de jeunes enfants)
- Diversification des métiers dans les UTPAS en embauchant par exemple des TISF
- Évolution significative d’EVA pour ne plus être dans l’injonction à l’autonomie, permettre la réversibilité, reconnaitre le droit du jeune à ne pas être en capacité de s’inscrire dans un projet ficelé. Allongement des contrats EVA de 3 à 9 mois.
- Doublement des psychologues en SAF
- Réintroduction du droit à la formation continue pour les professionnels.
- Volonté de faire pression sur l’ARS pour que la dimension du soin et les carences des réponses soient résolues.
Par contre, malgré les mesures d’urgence demandées par les travailleurs sociaux et médico-sociaux lors de la mobilisation et portées par près de 1000 signatures…
l’exécutif ne remet pas en cause la baisse des moyens en terme de places en foyers… Refuse la réimplantation des services PMI au sein des maternités… Ne s’engage pas sur le remplacement inconditionnel de tous les postes vacants ni sur la création de postes d’agents volants au sein des UTPAS.
Rien n’est envisagé pour mettre un coup d’arrêt au management descendant et à la remise en cause des évaluations réalisées par les travailleurs sociaux, alors que le constat est édifiant dans le rapport.
L’exécutif réaffirme le régime discriminatoire envers les MNA (JR Lecerf affirme d’ailleurs mieux connaitre qu’eux-mêmes ce dont ont besoin les MNA).
Rien sur la nécessaire réintroduction et l’augmentation des moyens dédiés à la prévention (AMASE, internat, colonie etc.).
Le secrétariat et la polyvalence de secteur restent les abonnés absents de l’attention et des propositions de la mission.
Au total 122 propositions pour quelques améliorations, mais aussi quelques pépites !!
- N° 89 : « Mobiliser la direction de la communication pour réaliser des tutos PMI »
- N° 94 : « Permettre aux services de PMI de contacter les femmes par téléphone »
- N°103 : « Autoriser la personnalisation des lieux de vie pour permettre à l’enfant d’avoir un chez soi »
- N°105 ; « Associer les enfants puis les jeunes majeurs au choix de leur référent » (Casting ?)
- N°115 : « Offrir aux jeunes sortant de l’ASE un kit d’installation »
- N°116 : « Valoriser l’image des jeunes sortants de l’ASE » (élection du jeune du mois ?)
- N°81 : « Promouvoir les RTASE en catégorie A »: ça apporte quoi aux familles et aux enfants ? et même aux professionnels de terrain ?
L’exécutif compte sur ce rapport pour enterrer toute contestation…
Lors de la présentation lundi après-midi aucun débat de fond n’a eu lieu sur le contenu du rapport. L’exécutif s’est à nouveau aventuré dans un autosatisfécit qui, de notre place, est au mieux décalé au pire ridicule.
JR Lecerf et Y Dusart veulent clore la bataille des chiffres en balançant pourtant une nouvelle salve qui vient encore une fois nier la réalité : « Nous n’avons pas supprimé 700 places d’accueil, mais nous en avons créé 1500 ». LoL !!!
Ils s’appuient aussi sur un tableau comparatif de « données financières sociales » (page 31 du rapport) pour affirmer, que dans le Nord, nous avons le nombre de professionnels de l’action sociale le plus élevé de France… Re-LoL
Tour de passe-passe en comptabilisant l’ensemble des agents affectés à la DGASol (cadres, chargés de missions et de projets etc.) et non les seuls travailleurs sociaux et médico-sociaux de terrain.
Pour couronner le tout, ils vont même jusqu’à affirmer qu’il y a plus de monde dans les UTPAS aujourd’hui qu’en 2015, en prenant en compte la totalité des agentEs sur chaque DT.
… mais c’est loin d’être fini !
Lors de la présentation du rapport les co-rapporteurs de la mission ont annoncé qu’un comité de suivi des 122 propositions serait mis en place rapidement. Il est évoqué que les représentants du personnel en fassent partie. Nous y serons !!
Tout comme nous sommes présentEs et particulièrement vigilantEs au comité de pilotage mis en place par le DGS suite à sa décision de moratoire que nous avions exigé et obtenu concernant la réorganisation des UTPAS.
Dans ce copil seront également présents sur tirage au sort, comme nous l’avons demandé, 8 collègues (SSD, PMI, ASE, secrétariat) et l’administration y a ajouté 5 cadres. 3 réunions sont programmées d’ici juin 2020. Nous n’avons pas l’intention d’y faire de la figuration.
Nous prenons très au sérieux ce moratoire et ses enjeux.
Il est plus qu’urgent de réaffirmer que dans les UTPAS, ou quel que soit le nom qui leurs donneront, il s’agit d’exercer un travail social et médico-social de prévention et de protection des populations pour permettre leur émancipation.
Le sens de la polyvalence de secteur doit être réhabilité. Plus questions d’accueil guichet, de process, de procédure qui mécanisent l’intervention sociale. Il est nécessaire de garantir un accueil et un soutien des populations dans le respect de ce qu’elles sont, de ce qu’elles demandent, de ce dont elles ont besoin.
Pour que nous soyons totalement vos porte-parole envoyez-nous dès aujourd’hui sur notre boite mail, vos réflexions, questions et surtout contributions.
Après chaque réunion le 11 février, le 7 avril et le 27 mai, nous rendrons compte des débats et nous organiserons les moyens de vous consulter et de recueillir votre expression.
La réorganisation des UTPAS voulue par l’exécutif ne peut s’envisager à côté et coupée des conclusions de la mission d’information qui insiste sur le nécessaire renforcement de la prévention. Nous les prendrons au mot !
La prévention nécessite des moyens et se réalise dans le cadre d’une organisation des services qui la permet.
Lors des échanges à l’assemblée plénière de lundi et en réaction au reportage de M6, JR Lecerf a enfin reconnu le professionnalisme et l’engagement des travailleurs sociaux et médico-sociaux du Département. Dont acte !
Discours de réalité, une fois n’est pas coutume. L’engagement en effet est tel que l’épuisement, voir l’effondrement, est réel puisqu’il n’est pas accompagné de moyens suffisants.
voir ci-dessous le rapport d’enquête consécutif au droit de retrait des collègues du service enfance d’Anzin
JR Lecerf et son exécutif veulent clore définitivement le sujet ouvert à l’automne 2018 par les professionnels, en espérant laisser derrière eux la crise de la protection de l’enfance.
Pour nous le sujet n’est pas clos, bien au contraire, il s’ouvre de nouveau par l’état des lieux réalisé à l’occasion de cette mission d’information.