Déconfinement : Stop aux aberrations !
Au Département du Nord, bien au-delà de la question des moyens de protection physique des agentEs, le patron tente de passer en force une généralisation du télétravail incompatible avec la majorité des missions du service public départemental.
A en croire l’exécutif et le DGS, à compter du 11 mai, tout est calé et organisé pour permettre à chacunE d’entre nous de reprendre le travail en toute sécurité (EPI et organisation du travail)
Pour les moyens de protection, cela semble se vérifier d’autant que les masques en coton n’ont été, à priori, réceptionnés et que les collègues de la DMG ont passé leur week-end du 8 mai à livrer partout des masques chirurgicaux (1 boite de 50 par agentE), des gants et du gel. Faut dire que le patron avait la pression. Le personnel n’aurait pas compris la pénurie au sein des services du Département alors que JR LECERF et des élus du CD distribuent généreusement les stocks aux professions libérales et à leurs amis (mairies, etc.)
Mais alors comment expliquer que le « plan de déconfinement » présenté en CHSCT restreigne la reprise d’activité en présentiel à son strict minimum… et dans le secteur social et médico-social, essentiel aux populations, interdit à beaucoup de collègues de revenir au travail ?
A SUD, nous y voyons plusieurs raisons de fond :
La démagogie du patron
L’exécutif et le DGS adoptent une position démagogique. Ils mettent en opposition la sécurité du personnel et l’exercice des missions.
Ils communiquent sur leur responsabilité vis-à-vis des agentEs, bien sûr tout à fait réelle, et oublient leur responsabilité vis-à-vis des populations que les missions confiées au Département leur confèrent. Or dans un service public, ces 2 obligations doivent être conjuguées !
La sécurité du personnel doit être garantie par les EPI spécifiques et l’organisation du travail adaptée pour permettre aux agentEs d’exercer leurs missions auprès des populations dont les besoins doivent être impérativement pris en compte (dans le plan présenté par l’administration, la question de population est totalement absente !).
La volonté de généraliser le télétravail
L’exécutif et le DGS exploitent cette crise sanitaire, qui permet un test grandeur nature, pour généraliser sans délai le télétravail par un effet d’aubaine.
Sinon comment expliquer par exemple, alors que le pic de l’épidémie est derrière nous, que le Département prévoit encore d’équiper le personnel en matériel informatique et téléphonique jusqu’à la fin de l’été (fin septembre).
Dans cette marche forcée opportuniste, ils oublient la législation. Le dernier décret paru le 5 mai 2020 relatif au télélétravail dans la fonction publique réaffirme le volontariat. C’est l’agentE qui fait la demande de télétravail et l’administration qui l’accorde ou pas.
Imposer le télé-travail est illégal !
Les conditions d’exercice au domicile doivent être également au préalable vérifiées… elles ne le sont pas… Conditions de travail qui sont souvent compliquées et toujours inégalitaires ( je ne télétravaille pas dans les mêmes conditions si je le fais de mon jardin au soleil ou de mon 20m² !).
Ils oublient allégrement la prise en charge des frais générés , pourtant prévue aussi par le décret. Et ils prétendent que la plupart des missions, à la faveur de quelques aménagements, sont adaptables à cette organisation du travail à distance.
Qu’est-ce qu’ils y gagnent ?
Comme toutes le entreprises qui ont mis en place le télétravail, d’abord un gain de surface immobilière, donc une réduction des coûts fixes (La construction du futur Forum qui prévoit du « flexoffice » en est une illustration). Et au bout du bout l’atomisation des collectifs de travail.
Qu’est-ce que nous y perdons ?
Même si le télétravail peut apparaitre, pour certains aspects, pratique, confortable (réduction, voir suppression des temps de trajet domicile-boulot), il isole, rend l’agentE vulnérable et à la merci des ordres individualisés qu’il/elle reçoit. Le télétravail contribue à la perte des repères collectifs.
L’absence des relations directes et spontanées avec les collègues ampute les prises de recul, les réflexions collectives, la créativité et au bout du compte c’est l’exercice global des missions de service public qui sont compromises.
Dans sa dernière intervention sur Youtube, le DGS encense le télétravail et nous exhorte à regarder positivement la situation actuelle. Il dit même que cela lui a permis de voir pousser les dents de son enfants « du bas et puis du haut« . Il annonce comme « un grand pas » la multiplication des réunions en visioconférence.
Bref un portrait idyllique du télétravail qui semblent pourtant se heurter aux différents témoignages des collègues travaillant tous les jours de chez eux/elles depuis 8 semaines sans interruption !
Ils et elles nous rapportent un état de fatigue accru, une charge mentale épuisante liée à l’absence de fluidité dans le travail. Des réunions en visio qui saturent l’attention et le droit évident à la déconnexion très difficilement réalisable en pratique.
Le télétravail n’est pas le St Graal !
Mais peut-être que ce dont a besoin B. HUS c’est tout simplement la baisse de son temps de travail ?!
La baisse du temps de travail permet de le partager et facilite l’accès à l’emploi de toutEs ceux/celles qui en sont privéEs. Il permet également de profiter d’un vrai temps libre, libéré du travail, pour faire ce que l’on veut… comme regarder, par exemple, son enfant grandir !
Derrière l’enjeu du télétravail, c’est le rapport de force historique mais toujours actuel entre les salariéEs et les patrons autour du temps de travail.
Penser la généralisation du télétravail (plus de 2 jours par semaine et quasi en permanence) comme une liberté, une autonomie, est une illusion. Les bornes légales du temps de travail sont abolies.
Vous êtes nombreuSESx à devoir ouvrir votre messagerie professionnelle un jour de temps partiel ou de congé maladie fractionnée… où de devoir répondre à un SMS ou message WhatsApp pro un samedi matin.
Car cette généralisation du télétravail va de paire avec une évolution des relations hiérarchiques et l’introduction du « télémanagement » pas toujours bienveillant et toujours questionnant.
Et comme si tout ça été prévu de longue date… Dès le début du confinement, la DGa qui a du PEPS a rédigé un document support (accessible sur Contact Intranet), fixant des objectifs et décrivant les cadres comme « coach manager » en leur exhortant de « Fixez le Cap, exprimez le leader qui est en vous ».
Grisant ! Mais piégeant ! Puisque dans cette période tout ça s’accompagne d’un transfert inédit de responsabilités.
Les cadres deviennent des fusibles XXL
Le plan de déconfinement du patron en œuvre depuis ce 11 mai, contraint les cadres à évaluer et valider tous les actes professionnels réalisés sur sites et arbitrer, par exemple, chaque contact entre les travailleurs sociaux et médico-sociaux avec la population. Cela fait peser sur l’encadrement l’ensemble de la responsabilité de l’employeur en cas d’éventuelle faille dans la sécurité. Chaque « responsable » et « chefFe » devient un fusible. L’exécutif contraint donc l’encadrement de proximité à appliquer un principe de précaution maximal et souvent absurde privant, par exemple, dans le secteur social, les TS et TMS de toute autonomie professionnelle indispensable à leur boulot.
Le télétravail généralisé incompatible avec les missions des UTPAS
En quelques lignes seulement, le DGS supprime toute autonomie professionnelle.
Toute Visite à Domicile, toute prise de rdv avec la population doivent être motivées par l’assistante sociale, l’éduc’, la CESF, la puéricultrice…. Et c’est le/la chefFE qui valide !
Abus de pouvoir !
Alors que le gouvernement a mis fin aux attestations de déplacements professionnels (distance de – de 100KM), l’administration crée un « laisser passer » et le met en ligne sur Contact.
Ce formulaire intitulé « Justificatif de Présence Professionnelle » (voir ICI) qui autorise l’agentE à travailler dans son service n’a non seulement aucune valeur légale mais détourne le décret qui détermine le télétravail comme un acte volontaire de l’agentE ! HALLUCINANT !!
Elle prétend s’appuyer sur le décret de 2016 relatif au télétravail dans la FP pour limiter le nombre d’agentEs présent sur site alors que ce décret ne lui permet pas de le faire !!
Traduction dans les services :
Des collègues psychologues de PMI ne sont pas autoriséEs à programmer des consultations… des visites à domicile et des prises de rdv ne sont pas acceptés sous prétexte qu’il ne s’agit pas d’une urgence (C’est quoi une urgence après 8 semaines d’isolement ?)… des collègues ne sont pas autoriséEs à revenir dans l’UTPAS… certains cadres passent leur temps à interdire… des salles d’attente censées accueillir deviennent des lieux d’exclusion…
Pas plus de 11 professionnelLEs dans le service alors que la majorité des UTPAS rassemblent entre 40 et 60 agentEs et donc, en respect des règles de sécurité sanitaire, pourraient en accueillir 20 à 30 en présentiel sur le site, par roulement.
Tout ça pour reprendre progressivement mais sûrement une activité normale !
D’ailleurs l’augmentation significative des appels et interpellations de la population depuis ce lundi obligera nécessairement le DGS à revoir rapidement son organisation ou à faire le choix de les ignorer !
Et nous, quel choix faisons-nous ?
La mise en opposition entre la protection des agentEs et l’intérêt des missions est indigne d’un service public comme le nôtre.
Ce n’est que là où les mesures de protection sont irréalisables et inapplicables que les missions doivent être suspendues (les collèges par exemple…).
Le contexte est tellement anxiogène qu’il est compréhensible que certainEs d’entre nous craignent une reprise du travail en présentiel.
A SUD, nous pensons possible de reprendre progressivement nos missions tout en garantissant notre protection.
Pour se protéger, nous avons à disposition le « droit de retrait » :
Si nous constatons des défaillances dans le système de protection (insuffisance ou absence de masques, etc.) l’alerte et le droit de retrait sont nos garanties ! Les représentantEs SUD au CHSCT sont joignables et interviendront en urgence.
Comment faire ?
1- télécharger le formulaire ICI
2 -Contacter SUD au 06 95 51 33 60 ou au 35846
Face aux ordres absurdes, nous avons à notre disposition le « devoir d’y aller » !
J’estime que je dois me rendre au domicile d’une famille… J’estime que je dois organiser un rdv en UTPAS… J’estime que pour répondre à la population nous devrions travailler par demi-équipe…
A chaque fois qu’un cadre refusera notre présence, notre intervention, alors que les conditions de protection sont réunies, SUD propose d’invoquer « le devoir d’y aller » et de le signifier à la hiérarchie.
Comment faire ?
1- Comme il n’est pas question de prendre le/la cheFE en otage pour l’obliger à remplir le « Justificatif de Présence Professionnelle », ne pas le prendre en compte puisqu’il n’a aucune valeur légale
2- télécharger et compléter le courriel type ICI
3- l’envoyer à son n+1 (et éventuellement n+2)
4- contacter SUD en cas de difficulté (06 95 51 33 60)
Cet outil original doit également permettre aux équipes de s’emparer collectivement de la nécessité de reprendre une activité progressivement normale.
Pas d’illusion ! Limiter le présentiel à 11 et maintenir le reste de l’équipe en télétravail alors que les populations sont en demande, va nous épuiser touTEs !
Nous devons réinventer une éthique de l’accueil et renforcer notre créativité, tous ensemble , en équipe, face aux protocoles et procédures, dans cette période où l’on est en train de vivre l’émergence d’une société de contrôle .Entre l’injonction et le sens, nous pouvons choisir le sens quitte à faire quelques pas de côté.
Comme dans la métaphore du porc-épic, en période hivernale ou en pandémie, sil est trop près de l’autre alors çà pique mais s’il est trop éloigné, çà gèle………….
Je suis d’accord et prête à reprendre mon poste même contre l’avis de ma hiérarchie. Je n’ai jamais vu une situation aussi absurde de toute mon existence : être empêché de travailler par son employeur et pendant ce temps les gens s’enfoncent dans la galère. Si nous laissons faire les choses que deviendront les métiers du social…..Nous deviendrons des exécutants sans cerveau, incapables de défendre les situations des laissés pour compte face à une administration toujours plus dans le contrôle et les réponses normalisées …..Il est grand temps de réagir , nous ne sommes pas des administratifs mais des travailleurs sociaux et nous avons le devoir d’agir dans le respect des règles déontologiques qui régissent notre profession…..Notre sécurité est importante mais ni plus ni moins que l’aide que nous devons apporter à la population